
La voie intérieure : à l’écoute de l’Ange avec le focusing
Et si notre corps devenait le temple d’un dialogue invisible ? À travers le focusing, cette pratique subtile d’écoute intérieure, se dessine la possibilité bouleversante d’un contact avec ce que certains appellent « l’ange » — cette présence vibrante qui traverse notre chair, réajuste notre être et nous guide vers une transformation profonde. Ce texte explore cette voie de résonance, entre matière et Esprit, pour éveiller chaque cellule à l’appel du vivant.
Un article publié par Bernadette Lamboy dans la revue de l’ifef FOCUS de juin 2025
Je reprends ici le titre de notre séminaire car il m’apparaît comme essentiel. Suivre notre voie intérieure, nous la connaissons pour la pratiquer avec le soutien de la démarche focusing, mais, pour moi, s’ajoute alors une question : jusqu’où peut-elle nous mener ? On pourrait sans doute parler d’une réunification avec notre être, d’une harmonisation intérieure en lien avec notre être profond qui se traduira par sa manifestation autour de nous. Notre être profond ? Qu’est-ce à dire vraiment ? Pourrions-nous l’appeler notre maître intérieur, notre guide, notre ange, ce qui jaillit depuis le cœur de nous-même ? Je vais ici l’appeler mon ange. Et ma question suivante devient : comment se fait-il connaître ?
Je reviens d’un atelier donné par Marguerite Kardoz qui a longuement fréquenté Gitta Mallasz, le scribe des Dialogues avec l’ange, ce livre qui a inspiré de nombreux lecteurs et continue à m’interpeller. J’ai réalisé à quel point nous avions la chance, avec le focusing, de pouvoir être au contact de notre ange. Avec le sens corporel, nous avons une clé qui nous ouvre sur une dimension directement reliée à une source d’informations non gérée par le mental. La plupart des gens ne connaissent pas cette voie ou n’en mesurent pas la puissance. Pour autant, de nombreuses personnes mènent une recherche sur elles-mêmes, leur vraie nature, qui elles sont au fond.
Celles qui s’intéressent à ce sujet de l’ange se posent souvent la question : comment contacter son ange ?
Plusieurs réponses leur sont proposées. L’ouverture du cœur apparaît comme une priorité – ce qui veut dire œuvrer pour lever les entraves à cette ouverture du cœur. Permettre que se dissipent (pour les avoir traversées) ses peurs, ses contractions, ses projections, ses représentations limitantes et sécurisantes au fur et à mesure qu’elles sont repérées. Revenir encore et encore de manière lucide sur ce qui nous contraint et nous pèse. La démarche focusing est, nous le savons, d’une grande aide. Quand nous touchons à cette ouverture de cœur, elle s’accompagne très souvent d’un sentiment de joie, de paix, de compassion avec une empathie pour les êtres, la Terre et tout ce qui nous environne. Nous nous sentons léger ou légère, ce qui pèse s’est envolé. Il devient possible d’être sensible à la beauté, qu’elle soit offerte par la nature, les arts, musique, peinture, par un sourire d’enfant ou l’éclat dans le regard d’un vieillard. Se laisser éveiller de l’intérieur. Notre cœur se dilate et se sent comblé, nous sommes emplis de gratitude, ce qui est un secret pour nous relier à notre ange.
Mais il semble qu’il y ait plus. L’ange dit : « Chacune de tes cellules doit s’éveiller » (Dialogues avec l’ange, entretien 14).
Vaste programme ! Ce qui sous-entend que l’ange va se faire connaître par une voix – une voie – qui résonne avec la globalité de notre être : esprit-âme-cœur-corps. Notre corps est inclus dans cet éveil. Le corps lui-même doit pouvoir accéder à cette dimension d’éveil. Tout le travail du focusing, fondé sur l’écoute subtile du corps (subtil), peut certainement nous y conduire. Nous sommes appelés à laisser la puissance de l’ange nous pénétrer à tous les niveaux, ce qui va se traduire par une disponibilité entière pour écouter ce qui vient à nous. Laisser circuler le vivant, car l’ange est vivifiant. Par le biais du sens corporel, nous sommes amenés à entendre cette parole juste, celle qui réajuste, dénoue, libère, rend chacune de nos cellules ouvertes pour accueillir ce qui vient.
D’où je mesure encore davantage l’importance de l’étape 6 du focusing : « accueillir ». Accueillir la réponse jusque dans nos cellules. Pas seulement voir ce que cette réponse peut apporter de neuf dans notre vie au quotidien, ce qui est bien appréciable, mais aussi et surtout, prendre le temps de goûter cette réponse. Sentir le mouvement corporel que cette réponse a généré, sentir comment elle vibre à l’intérieur de nous dans chacune de nos cellules et la laisser résonner dans sa vastitude. Cette résonance ressentie corporellement est le lien direct et charnel avec notre ange. Vibrer à l’unisson. La matière et l’ange se sont rejoints. Ils sont réunis en ce que l’ange appelle « l’Homme nouveau », cet Homme capable de faire le pont parce qu’il s’est laissé rejoindre entièrement par l’ange jusque dans sa chair. Issu du monde créé et de son évolution (du minéral, au végétal, à l’animal), l’être humain est parvenu maintenant à une place particulière, celle de faire le pont avec le monde incréé.
Sans doute avez-vous ressenti le frisson de l’ange ?
Quand la réponse donnée par l’interrogation du sens corporel s’est fait connaître, il y a souvent un soulagement, une détente, un nouvel élan… Mais si vous laissez vraiment le mouvement corporel se produire et le ressentez dans chacune des cellules, vous les entendrez probablement frissonner et vibrer. Lorsque j’accompagne un client, il m’arrive souvent, lorsque le dénouement approche, de sentir aussi ce frisson ; je comprends alors que la « bonne solution » va émerger. En est-il de même pour vous ?
J’ai été très surprise de lire dans l’ouvrage de Marguerite Kardoz¹ (qui m’a stimulée pour écrire cet article) une allusion à David Bohm. Ce physicien, nous dit-elle, « parle d’énergie déployée et d’énergie repliée. L’énergie, ce sont des vibrations, des fréquences. L’énergie déployée serait le monde visible que l’ange appelle dans Dialogues avec l’ange le monde créé, et l’énergie repliée, qui est la même énergie mais non manifestée dans l’espace-temps, s’appelle “le monde créateur”, invisible, la conscience créatrice universelle. »
Et nous voilà rendus aux dimensions que nous appelons implicite et explicite. D’où l’importance de cet holomouvement (terme emprunté justement à David Bohm). Cet holomouvement va, à travers le sens corporel, cueillir/recevoir l’information nouvelle venue de ce monde implicite-créateur pour notre transformation et nous la rendre explicite (par des mots, des représentations, des créations, des mouvements). L’ange nous parle, notre antenne est notre sens corporel (ce qui est perceptible de notre plus vaste et intégrale experiencing). Le sens corporel plonge dans ce champ créateur pour nous le dévoiler et que nous puissions le recueillir en une conscience explicite. Le pont est fait entre créé et incréé, entre le monde de la matière et le monde — faut-il dire — spirituel.
Pour revenir au corps : « Le corps n’est ni “enveloppe”, ni “lieu du péché”, mais un creuset alchimique, un temple, un lieu de résonance, de don d’amour, de lien, de transformation. Un lieu de transfiguration et de transmutation de la chair », nous dit encore Marguerite Kardoz. Transmutation de la chair, cette formule est forte : comment résonne-t-elle justement dans notre chair ? Est-ce que notre chair célèbre le divin ?
Je réalise à quel point chaque situation est en réalité une manière de réaliser et d’actualiser cette transformation. Lorsque la situation se présente sous un jour favorable, il est relativement facile de célébrer l’amour, la beauté, la bienveillance, et par là même rejoindre notre ange dans une exaltation tranquille.
Mais certaines situations sont de véritables provocations par la souffrance qu’elles occasionnent. Les épreuves physiques, psychiques qu’elles causent, parfois sur du long terme, viennent chercher les personnes bien loin dans l’entièreté de leur être. L’alchimie est alors une œuvre à accomplir au jour le jour. Ne pas sombrer ou se lamenter, mais inviter la transformation à faire son œuvre.
N’est-ce pas une façon de rejoindre la tendance actualisante dans son appel à vivre plus pleinement et à ne pas se laisser ensevelir sous la souffrance ? Ainsi chaque événement devient une opportunité, un ferment.
« L’Unique Lumière traversera les ténèbres les plus profondes » (Dialogues avec l’ange, entretien 36). Un mariage entre matière et Esprit, cette perspective m’a toujours fascinée. Je l’envisageais déjà dans mon premier petit livre sur L’art du Zodiaque ! Le signe des Gémeaux incite l’esprit créateur, figuré par le Bélier, à féconder la matière offerte dans le Taureau. Mais ce mariage, il nous faut le vivre dans chacune de nos cellules ! De manière similaire, Mère, la disciple d’Aurobindo, a entrepris de l’intérieur ce travail de réunification : elle s’est attelée des années durant à faire descendre la conscience dans les cellules.
Je perçois maintenant pourquoi la démarche focusing me passionne autant. Elle est la voie (une des voies, bien sûr !) capable de nous conduire à unifier le corps et l’esprit, pour créer cet Homme nouveau, cet être humain vivifié par son ange dans une union de plus en plus consciente et réjouissante.
Tag:ange, focusing, transpersonnel